mardi 31 mars 2020

Le e-learning c’est juste des vidéos de profs

Un article repris de 
https://www.lip-unifr.ch/2020/03/31/infox6-le-e-learning-cest-juste-des-videos-de-profs/


INFOX#6 : « Le e-learning c’est juste des vidéos de profs  »

Mis en ligne le 31 mars 2020

Par Christophe Batier

 

E-learning : la dimension technologique de l’enseignement

Le e-learning désigne des enseignements se déroulant 100% à distance avec des modalités d’interaction synchrones ou asynchrones, médiatisées par un environnement numérique. Aujourd’hui, les outils permettant de gérer ce type de formations sont regroupés au sein de plateformes de cours appelées LMS (Learning Management System). Dans ces LMS on trouve des outils de diffusion de contenu, de communication, de suivi, de tutorat et d’évaluation.

Depuis le siècle dernier, j’accompagne les enseignants de différentes institutions dans l’élaboration de ce type de formation et je dois travailler sur la transposition de leur enseignement présentiel en dispositif en ligne. Cette expérience m’a appris que les enseignants avec lesquels j’ai travaillé se focalisaient le plus souvent sur les contenus qu’ils voulaient transmettre sans vraiment se préoccuper des tâches d’apprentissage que leurs étudiants auront à réaliser. Ainsi, j’ai souvent eu des discours du type : « pour mon cours en ligne, je vais juste mettre ma présentation Powerpoint, ou mes pdf ».

Plus récemment, depuis 6 ou 7 ans, ce discours a évolué sous l’influence du développement des MOOC (Massive Online Open Courses) pour lesquels d’une part le contenu est en grande partie sous forme de vidéos, et d’autre part la production de ces contenus vidéos est devenue relativement aisée. Finalement, il « suffit » de déposer des cours enregistrés en amphi ou en classe sur une plateforme pour qu’ils deviennent disponibles en ligne pour les étudiants. C’est ce que Claire Peltier a pu observer dans le cadre de ses travaux (Peltier, 2016).

Cette évolution de la perception du e-learning par les enseignants que l’on perçoit sur le terrain est liée aussi à l’évolution plus globale d’internet.

De façon générale, le trafic vidéo a énormément progressé pour devenir le trafic majoritaire avec 60% du trafic global d’internet en 2019.

Source : Statista

L’idée que la vidéo présente un intérêt pédagogique est aussi renforcée par le succès d’une plateforme comme Youtube et ses tutoriels pour apprendre à réparer sa voiture, démonter son ordinateur, réussir son gâteau au citron….

 

Mais un cours ce n’est pas un tutoriel !

En premier lieu, la durée n’est pas la même. Un tutoriel dure quelques minute, tandis qu’un cours peut se dérouler sur plusieurs heures. Le moteur pédagogique du tutoriel est le pas à pas, il se fonde sur le mimétisme. Si le geste est reproduit à l’identique, alors l’objectif sera atteint. L’objectif n’est pas l’apprentissage en tant que tel mais plutôt une réalisation qui implique l’exécution d’une procédure standardisée. Un cours mobilise quant à lui des savoirs, des notions complexes, un savoir-faire, des points de vue à confronter pour développer des compétences qui seront mises en œuvre dans d’autres contextes.

 

L’effet diligence ou la fossilisation des pratiques

Un effet pervers que j’ai pu observer est que, souvent, les enseignants avec lesquels j’ai travaillé, privilégient la diffusion des contenus de leur cours en produisant jusqu’à plusieurs dizaines d’heures de vidéo accompagnées quelquefois d’un nombre excessif de documents qui se traduisent alors par des Go de fichiers et par une avalanche d’information plus ou moins hiérarchisée. Ce faisant, ils oublient alors les dimensions qui relèvent de la communication, des activités, et de la prise en compte des motivations des étudiants. Les outils numériques disponibles en général, les LMS en particulier, offrent un potentiel d’innovation qui n’est alors pas suffisamment exploité. L’argument qui consiste à considérer « Je mets tout en ligne et on verra après » ne tient pas. Comme les premières voitures ressemblaient aux anciennes diligences, les premiers cours en ligne ressemblent aux cours en amphi. Marcel Lebrun qualifie ce phénomène de « fossilisation des pratiques » (2011). Le risque encouru est la production de cours en ligne qui relève d’une approche de l’enseignement essentiellement transmissive.

Dans une conférence de 2009, Pierre Dillembourg (2) avait annoncé la fin du e-learning si les LMS se contentaient de distribuer froidement des contenus sans y apporter de la vie. Il avait raison ! C’est malheureusement souvent dans un deuxième temps que les enseignants avec lesquels j’ai travaillé ont réalisé qu’ils avaient oublié de prendre en compte la nécessaire dynamique des interactions de leur cours.

 

Le paradoxe de la vidéo : la vidéo, ce n’est pas que du contenu

Les retours que j’ai pu obtenir de la part des étudiants sur ce type de cours montrent que ce sont les interactions et l’animation du dispositif qui font défaut. De manière plus précise, ils expriment le plus souvent un besoin impérieux de consignes claires, d’objectifs explicites, d’indications sur l’évaluation et des retours réguliers de la part de l’enseignant.

Les objectifs apparaissent parfois de manière textuelle en préambule. Mais, ils passent alors souvent inaperçus car ils sont noyés dans l’ensemble des ressources du cours. Une façon simple de les transmettre aux étudiants est de réaliser une vidéo présentant ce que l’enseignant attend de ses étudiants et comment il va animer son cours, un peu à la façon des vidéos teasers annonçant un nouveau MOOC. Mais dans ce cas, il est aussi souvent nécessaire de réaliser une vidéo présentant l’organisation du cours (3). Pour cette première vidéo, il est possible de présenter rapidement les contenus et les objectifs, et en même temps, d’expliquer l’organisation des interactions, d’informer sur les modalités d’évaluations en développant un discours susceptible de susciter la motivation des étudiants.

Généralement le cours est découpé temporellement sous forme de chapitres qui abordent des thèmes différents et qui permettent de répartir chronologiquement le travail. Une vidéo de consignes (3) introduisant chaque séquence permet alors d’expliquer ce découpage et les tâches à effectuer. Dans un LMS, ce type de vidéo peut être placé au début de la page contenant l’ensemble des activités de la semaine, du chapitre ou du thème. Les consignes peuvent porter sur l’organisation du travail, par exemple sur la constitution des groupes de travail.

Les activités proposées peuvent comprendre le visionnage de vidéos de contenus (3) produites ou non par l’enseignant car ces contenus sont peut-être déjà présents et accessibles. Le guide de 350 ressources culturelles et scientifiques francophones en vidéo peut alors être une source précieuse.


Les vidéos de débriefing (3) peuvent être utilisées au terme d’une activité d’apprentissage. Elles consistent, pour l’enseignant, à faire le bilan sur ce qui s’est passé dans le cours en s’appuyant de manière explicite sur les traces ou questions laissées sur le LMS.

Parmi les activités proposées, les vidéos réalisées par les étudiants peuvent également présenter un grand intérêt. Il peut être également intéressant, comme pour les vidéos réalisées par l’enseignant, de les offrir en accès libre à l’ensemble des étudiants du cours sur le LMS ou via un lien vers une plateforme vidéo.

Le e-learning, ce n’est donc pas que des vidéos de profs. Plus précisément le e-learning c’est n’est pas que des vidéos préparées par l’enseignant pour diffuser un contenu à apprendre. Une partie de ce type de vidéos peut provenir d’autres sources. L’usage de la vidéo peut être plus varié et plus riche car la vidéo peut être utilisée pour communiquer des informations aux étudiants, pour les motiver et pour les évaluer.

>>>>>>>>>>12 INFOX SUR LE E-LEARNING<<<<<<<<

Chargé d’innovation pour l’enseignement à l’UPF et en charge de deux projets principaux : le premier autour de l’hybridation des enseignements de l’UPF et le second sur la mise en place de campus délocalisés sur les archipels de la Polynésie.


Christophe Batier

Responsable du Pôle TICE Université de la Polynésie Françaisechristophe.batier@upf.pf

Webographie

Causerie autour du modèle IMAIP

Les nouveaux usages de la vidéo dans la formation

Dillembourg, P. (visioconférence du 06 mai 2009), Edition 2009 du Forum des T.I.C

Batier, C. Les différents types de vidéos pédagogiques.

Bibliographie

Peltier, C., (2016) Usage des podcasts en milieu universitaire : une revue de la littérature. International Journal of Technologies in Higher Education, 2-3,(13) pp. 17-35

 

Licence : CC by-nc

Repris de 



Toutes les infox

Infox#1 : Le e-learning, la formation à distance, ne conviennent qu’à un type d’étudiant en particulier
France Henri, Université TÉLUQ

Infox#2 : Si mes cours sont en ligne, on va me piquer mes idées pour les commercialiser
Samuel Nowakowski, Université de Lorraine

INFOX#3 : Une classe virtuelle est une classe sans âme
Christelle Lison, Université de Sherbrooke

INFOX#4 : Avec le e-learning on peut effectuer un contrôle très précis sur les apprentissages
Par Matthieu Cisel, Institut des Humanités Numériques. CY University

INFOX#5 : Pour passer à la distance, il faut tout reprendre à 0 ! (à venir)
Bernadette Charllier, Université de Fribourg

NFOX#6 : Le e-learning c’est juste des vidéos de profs
Par Christophe Batier : Université de la Polynésie Française

INFOX#7 : « Le e-learning n’est qu’une simple transposition d’un cours présentiel »
Par Claire Peltier, Université Laval

INFOX#8 : « En e-learning, l’enseignant transfère toute la responsabilité de l’apprentissage à l’apprenant »
Par Amaury Daele, HEP du Canton deVaud

INFOX#9 : « Pas de souci, c’est anonymisé ! ” … En êtes-vous certain ?
Par Christophe Reffay, Université de Franche-Comté

INFOX#10 : « Le e-learning, c’est de l’enseignement à distance  »
Par Florian Meyer, Université de Sherbrooke

INFOX#11 : « Après le CoViD-19 l’université n’existera plus : tout sera en ligne »
Par Bilal Said, Arts, Sciences and Technology University in Lebanon (AUL)

INFOX#12 : « Apprendre à distance, c’est moins de pression »
Par Gaëlle Molinari, Université de Genève

INFOX#13 : « Le e-learning, c’est avant tout une question de maîtrise d’outils techniques »
Par Daniel Peraya, Université de Genève



Rajout du 24 Juin 2021 :
Meta analyse sur l'impact de la vidéo de cours dans l'enseignement supérieur
https://journals.sagepub.com/stoken/default+domain/XK5QXBX6TVJFARNHFBZC/full

jeudi 12 mars 2020

Cours SINNO-10/10 Séance de synthèse

 



1- Je vous invite à un tour du monde de l'innovation sur cette super ressource:

 http://letourdumondedelinnovation.latribune.fr/

 

2-On reprend la définition de l'innovation: (révision)

 https://www.youtube.com/watch?v=oD7X3KvJAVk

What is Innovation MIT 15.390 New Enterprises, Fall 2013 View the complete course:
http://ocw.mit.edu/15-390F13 Instructor: Bill Aulet Discussion of the essential difference be...
 
 
 
3- Une video de synthése autour de processus d'innovation:  
 
Innovation Credits : NOVA Malaysia

 

4- Etude de cas Tesla 
 

5- Le lièvre et la tortue....dans la course à l'innovation celui qui part le premier a t il un avantage?

"Vous avez déjà très certainement entendu dire qu’il existerait un « avantage au premier entrant » ou « first mover advantage », selon lequel l’entreprise pionnière sur un marché bénéficierait d’un avantage concurrentiel significatif par rapport à ses suiveurs. L’idée sous-jacente est que le premier entrant peut en quelque sorte formater le marché à sa guise, construire une base de clientèle fidèle et imposer ses solutions techniques. C’est à partir de ce postulat qu’on recommande aux entreprises innovantes de chercher à défricher des marchés nouveaux et à découvrir des clientèles insoupçonnées.
Malheureusement, ce postulat ne résiste pas à l’analyse. Microsoft a ainsi été le premier à proposer une tablette, en 2001. Xerox a mis au point la première interface graphique pour ordinateurs en 1973. L’entreprise britannique DeHavilland a lancé le Comet, le premier avion de ligne à réaction, en 1949. EMI, que vous connaissez certainement comme maison de disques, a mis au point le premier scanner médical en 1971. Magnavox a été le pionnier des consoles de jeux vidéo en 1972. Le premier smartphone à écran tactile a été l’IBM Simon en 1992. Pourtant, aucune de ces entreprises n’a bénéficié du moindre avantage au premier entrant : elles ont bien été pionnières, elles ont bien défriché un nouveau marché, mais elles ont rapidement été supplantées par leurs suiveurs.
À l’inverse, Dell a été leader mondial du PC alors qu’il n’est entré sur cette industrie que très tardivement. Google n’a pas été le premier moteur de recherche. Facebook n’a pas été le premier réseau social et l’iPod d’Apple n’a pas été le premier lecteur de MP3. Le cas d’Apple est particulièrement flagrant : Apple n’a jamais été le premier entrant, pour aucun des ses produits, que ce soit le micro ordinateur, le lecteur MP3, le smartphone, la tablette ou la montre connectée. Dans tous les cas, Apple est un suiveur puissant et talentueux, mais jamais un pionnier. Comme le dit le proverbe d’innovateur : on reconnait le pionnier au fait qu’il a les flèches des Indiens plantées dans le dos.
Au total, il apparaît que la notion d’avantage au premier entrant est un mythe. L’important n’est pas d’être le premier, mais d’être le plus pertinent, le plus rapide, celui qui sera capable de mobiliser le plus de ressources, celui qui saura tisser l’écosystème le plus cohérent. Plutôt que d’avantage au premier entrant, on devrait donc parler d’avantage au meilleur concurrent, et donc tout simplement d’avantage concurrentiel. C’est après tout l’essence même de la stratégie."

 

6- Pour finir : Pour revenir sur les propos autour Apple, voici une synthèse sur les 3 leçons sur l'innovation en 12 ans chez Apple

http://www.fastcompany.com/3058271/lessons-learned/three-lessons-on-innovation-i-learned-during-my-12-years-at-apple

1- Le consensus n'est pas votre ami

2-Avancer sans étape de validation

3-Méfiez-vous des idées reçues

 

 7- Synthèse sur le rôle économique de l'innovation 

https://www.youtube.com/watch?v=glT0R3OHL0I

L'innovation et ses effets sur la croissance et l'emploi - Philippe Aghion Initié par les professeurs Alain Prochiantz, Administrateur du Collège de France, et Philippe Aghion, titulaire de la chaire "Économie des Institutions, de l...

Quelques traces d'activités étudiants :                                                                                


Je suis vraiment contente de ce que cette UE m'a apporté! Je n'aurais jamais penser que l'innovation serait un sujet aussi diverse et vaste dans les secteurs qu'il touche ! J'ai beaucoup aimer les supports utilisés pour les cours ( qui sont innovant :) ) : en effet le support vidéo permet  une explication devient plus abordable. Comme j'aime beaucoup les mini videos explicatives , je laisse ici une vidéo pas mal sur l'innovation !

https://www.youtube.com/watch?v=_BRPNTrW9ZQ

2mn pour comprendre l'innovation FR La vraie définition de l'innovation... enfin !

 


vendredi 6 mars 2020

LudoviaPF édition 2020 : TRANSITIONS



Deuxième édition de LudoviaPF !


Cette année le thème retenu Transitions avec un s!
Avec un programme chargé et varié en alternant les parties techniques avec des moments plus pédagogiques :

De nombreuses vidéos ont pu entre enregistrées vous permettant de retrouver nos échanges :

jeudi 5 mars 2020

Cours SINNO-9/10 innovation sociale


 






 L'innovation sociale, c'est quoi? 

 
Une innovation sociale est une nouvelle idée, approche ou intervention, un nouveau service, un nouveau produit ou une nouvelle loi,
un nouveau type d’organisation qui répond plus adéquatement et plus durablement que les solutions existantes à un besoin social bien défini, une solution qui a trouvé preneur au sein d’une institution, d’une organisation ou d’une communauté et qui produit un bénéfice mesurable pour la collectivité et non seulement pour certains individus. La portée d’une innovation sociale est transformatrice et systémique. Elle constitue, dans sa créativité inhérente, une rupture avec l’existant.
innovation sociale.jpg

 

Quelques études des cas d'Innovation Sociale
 
 
 Pour vous aider si vous le voulez, je vous proipose Le wiki prise de note collaborative : 
prise de note collaborative sur la conférence de Joeri van den Steenhoven
 
Pour aller plus loin :
http://crises.uqam.ca/

CRISES L'axe de recherche Entreprises collectives du CRISES offre un séminaire De l'utilité de Desroche et Vienney pour l'entreprise collective et l'innovation sociale, le jeudi 21 avril. À l'UQAM et en vidéoconférence avec l'Université Laval (d'autres sites peuvent être ajoutés). Inscriptions requises.
 
Une communauté sur facebook autour de l'innovation sociale
https://www.facebook.com/innovation.sociale.7?fref=ts
 
 

Quelques traces d'activités étudiants :                                                                                

Bonjour,

Si vous voulez en savoir d'avantage sur l'innovation sociale, la courte vidéo qui suit vous sera très utile afin de mieux comprendre le sujet :