Quand on me demande mon avis sur l'arrivée de l'IA dans notre quotidien, je fais souvent référence aux différentes vagues d'innovation récentes, depuis 30 ans, autour du numérique à partir de l'arrivée du web en 1994.
A cela j'aurai pu rajouter les Mooc, les technos immersives et quelques autres....
Sur ces précédentes vagues, on avait quelques garde-fous
Si on reprend le web par exemple il existait des instances régulatrices comme le W3c qui essaye de donner des normes pour caler les technologies web pour que tout le monde tente d'aller dans la même direction, pour simplifier la vie de l'utilisateur...
Un autre grand fondement d'internet son principe de neutralité qui résiste encore aujourd'hui (mais combien de temps)
La création de communs numériques comme wikipédia, des projets open sources
Sur l'IA je ne vois pas émerger ces même garde-fous.
On a bien une augmentation des textes juridique qui tentent de cadrer cette nouvelle vague

Mais, Trump vient de changer les règles aux US en supprimant tout un ensemble de texte de réglementation. Et sans règlementation le profit va l'emporter sur la raison.
https://christophe-batier.blogspot.com/2025/01/on-remet-des-pieces-dans-le-juke-box-de.html
Ce qui est déjà irraisonnable c'est le contexte financier délirant Aujourd'hui ce qu'on voit avec Stargate 500B notamment mais aussi avec la vague d'investissement massifs dans le domaine
> Open AI 6.6B levée de fond
> Nvidia 3 000B 1ere capitalisation boursière
> Projet à 7 000B de Sam Altman (2x le PIB de la France)
On compte en centaine de B en Milliers de B l'argent coule à flot :
C'est la fête de slip !
L'image pour illustrer ce qui se passe dans la tête des quelques décideurs (une dizaine) c'est cette scène d'un film avec Leonardo DiCaprio le Loup de Wall street où quand l'argent coule à flot dans son entreprise et tout le monde pète un plomb.
Pour moi, aujourd'hui, on en est là au niveau de l'IA.
On s'en fout de tout et sur tous les plans éthique, juridique, écologique, philosophie , économique.
ET deuxièmement, je ne suis pas très optimiste sur l'étique des leadeurs autour de l'IA qui sont des hommes avec des égos proportionnels aux budgets qu'ils ont entre leurs mains !
J'en veux pour preuve la passe d'arme à propos de StarGate entre Altman , Musk et Trump:
Jeudi
Trump a répondu à cette question
Traduction :
JOURNALISTE :
« Après avoir fait l'annonce de Stargate, Elon Musk a tweeté qu'ils n'avaient pas l'argent, est-ce vrai ? »
TRUMP : « Je ne sais pas. Ils apportent l'argent, pas le gouvernement. Ce sont des gens très riches. J'espère qu'ils le feront. Elon n'aime pas l'un de ces gens. »
Des gamins qui jouent à "qui à la plus grosse ?"
Et c'est à ceux là qu'on devrait faire confiance pour construire notre avenir?
Sérieusement ?
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Mais , pour contrer l'hubris de ces gens, je vois quelques pistes de recadrage principalement 3
1-Le risque financier est énorme
Et la bulle IA peut éclater, on ne sait pas trop quand mais la question se pose
https://www.sequoiacap.com/article/ais-600b-question/https://theconversation.com/pourquoi-la-bulle-de-lia-ne-devrait-pas-eclater-malgre-des-inquietudes-legitimes-244410Si on écoute
Howard Marks, cofondateur d’Oaktree Capital (200+ milliards $ gérés), qui maîtrise un peu les cycles de marché.
Pour lui, une bulle n’est pas un calcul précis, mais un état d’esprit.
Il rappelle que la bulle des dot-coms a été alimentée par l’euphorie autour d’une poignée d’actions.
Selon Marks, l’euphorie des marchés se résume par cet état d’esprit : “Aucun prix n’est trop élevé.”
Quand les investisseurs voient une entreprise comme si disruptive qu’elle dominera l’avenir, ils surenchérissent. Cependant, des signaux d’alerte commencent à émerger…
Les investisseurs misent sur des valorisations futures, en pariant sur la domination durable des leaders actuels.
Mais il rappelle qu’en 2000, sur les 20 actions les plus surpondérées, seules 6 figurent encore parmi le top 20 aujourd’hui. Un pari risqué.
La psychologie des marchés en une phrase :
“Cette fois, c’est différent.”
Pour Marks, ces 4 mots sont l’un des indicateurs les plus précis d’euphorie. Il avertit depuis des années : cet état d’esprit est extrêmement dangereux.
Si rien ne change, deux scénarios possibles :
une bulle inévitable ou des rendements faibles sur le long terme.
2-Ces personnages ne sont pas seuls à maitriser l'IA
Dans l'histoire de l'économie des monopoles sont rapidement tombés avec l'arrivée de nouvelles solutions, de nouveaux acteurs.
Dans le cas présent, face à cette concentration avec ces solutions centralisées la possibilité de proposer des serveurs d'inférences décentralisés est crédible. En ce mois de janvier deux annonces importantes vont dans ce sens :
- Le projet DIgit chez Nvidia sur la partie matériel
- Et des alternatives Open source crédibles comme celle proposée par Deepseek
Le LLM DeepSeek chinois représente une évolution sur 3 points géopolitique, scientifique et économique dont l'ampleur est encore difficile à appréhender.
En parvenant à entraîner un modèle de 670 milliards de paramètres avec un budget de calcul de seulement 5,5 millions de dollars, ils ont obtenu une performance opérationnelle plusieurs dizaines de fois supérieure à celle des meilleurs modèles existants. Et cela représente une vision différente des modèles de langage standard (#LLM). Ce modèle, basé sur 671 milliards de paramètres, utilise une méthode d’entraînement appelée Group Relative Policy Optimization (#GRPO), qui combine apprentissage par renforcement et règles fixes. Cette approche réduit les coûts d’entraînement et élimine les évaluateurs neuronaux complexes, souvent sources de problèmes comme le “#RewardHacking”. Une version spécifique, DeepSeek-R1-0, se distingue en abandonnant complètement le #FineTuning supervisé, une étape classique mais coûteuse dans l’entraînement des LLM.
Géopolitique : La stratégie d'endiguement des États-Unis s'avère inefficace. DeepSeek a été entraîné sur des processeurs H800, qui ne sont pas soumis à embargo, renforçant ainsi les arguments de Nvidia sur l'inutilité de ces restrictions.
Scientifique : L'approche "mixture of experts" employée ici illustre comment des contraintes sévères, telles que l'absence de calcul massif, peuvent stimuler l'innovation. Cela laisse entrevoir un potentiel considérable d'amélioration des performances grâce à l'optimisation des modèles mathématiques sous-jacents et en introduisant des innovations notables. Notamment, le concept de “#momentAha”, où le modèle, face à un problème complexe, génère une première réponse puis réévalue son raisonnement pour identifier et corriger des incohérences. Mécanisme interessant qui doit être testé dans des environnements plus variés.
Économique : DeepSeek abaisse considérablement la barrière à l'entrée pour produire des LLM, ouvrant ainsi la voie à des acteurs de petite taille capables de développer des modèles très puissants. Et cela va entrainer des répercussions majeures sur les marchés financiers, en particulier aux États-Unis . L’efficacité et le faible coût de développement de ce modèle vont susciter des doutes sur la compétitivité des géants américains de la technologie et leur stratégie.
Même si ces points sont encore plus que flou, dans cette interview Alexandr Wang, le CEO de Scale AI : DeepSeek admet qu'il possède environ 50 000 NVIDIA H100 dont ils ne peuvent pas parler en raison des contrôles à l'exportation américains en vigueur.
(Là aussi on joue au poker menteur!)
3- Des initiatives apparaissent comme celle qui se tiendra les 10 et 11 février à Paris pendant le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle. Piloté par Anne Bouverot présidente du conseil d’administration de l’ENS-PSL, l’événement réunira experts, chefs d’états, chefs d’entreprises et ONG pour constituer une feuille de route pour le développement et la gouvernance mondiale de l’IA.
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