lundi 10 octobre 2022

Augmenter l'expérience utilisateur dans l'enseignement supérieur

 
On commence à avoir un peu de recul  sur ce que c'est passé au niveau des formations dans nos établissements d'enseignement supérieur, autour des différentes phases de confinement, entraînant une alternance de phases d'enseignement à distance avec des phases de retour plus ou moins massifs sur les campus. 

Le constat assez unanime et partagé (1) c'est que l’enchaînement de ces  événements a permis de faire bouger les lignes sur le fait qu'on puisse enseigner autrement. Et donc dans nos institutions cela a eu un impact fort sur :
- les équipements matériels (système de captation notamment),
- les solutions logicielles comme Teams, zoom, BBB...
- les budgets alloués,
- les mentalités (2), parfois (trop rarement) sur le nombre de personnel accompagnant ces mutations.
-et surtout ce qui est plus intéressant, au delà des outils, l'autre impact observé, c'est la montée en charge des usages et l'implication de population d'enseignant plus ou moins éloignés de l'enseignement numérique.
 Généralement entre 10 et 30% des enseignants utilisaient les services numériques en ligne de leur université pour l'enseignement, on est passé à plus de 90%.

Dans ces constats, il y a beaucoup d'échec (3) car la transposition en ligne ce qu'on fait habituellement sur un campus a posé quelques soucis.
Des heures de visio chaque jour ont épuisé les participants, les LMS ne sont des outils motivants (et la version4 de Moodle ne va rien changer...)...
Mais cela a obligé un certains nombre d'équipe pédagogique à repenser leurs pratiques.
Et des retours positifs ont pu aussi émergés de ces épisode.

Du coup continuer 100% en présentiel transmissif est ce bien raisonnable? 
Beaucoup se posent aussi la question car ils se sont rendus compte que d'autres pistes étaient possible!




Pour ma part, j'observe que cela rebat les cartes des modèles pédagogique de la présence, de la distance, de la pédagogie à utiliser, de modalités de diffusion des formations, du rôle des campus....

Et ceci, aussi bien coté enseignant que coté étudiant. Mais il ne se dégage pas encore un consensus global sur l'évolution de ce que va être l'enseignement.

Même si ces évolutions avaient commencé bien avant la COVID, on voit apparaitre de plus en plus souvent :

- des termes comme Phygital
- des outils prenant en compte la dimension réelle d'un campus en poussant des services numériques géolocalisé ou contextualisés
- la mise en place de lieux pédagogiques augmentés (LearningLab, campus connectés, cartographie des lieux inspirants de l'Enseignement supérieur français  ...) qui ne sont plus des salles de classes classiques
- des dispositifs comodaux
- des travaux de convergence sur les mondes numériques et les campus physiques,
je pense notamment :
    + aux travaux  d'Alain Jaillet  sur la  métaphore spatiale pour la navigation sur la plateforme Acolad 
    + aux tentatives du même type sur seconde life
    + et on recommence à se poser les mêmes questions à propos du Metaverse .
    + aux retours d'expériences autour de classcraft. (avec l'idée de ce que je fais en présentiel alimente un "monde numérique")
    + au développement de solution intégrée comme Zoom Room

 
Il y a encore beaucoup de questions sans réponse. Mais en faisant la synthèse autour de ces points, je pense qu'il faut repenser l'expérience des utilisateurs de l'enseignement  dans sa globalité : 
-en intégrant les moments présentiels sur le campus avec les moments synchrones ou non en ligne
- en développant les dispositifs de téléprésence, salle hyflex
- en tenant compte des dimensions pédagogiques, cognitives et sociales (4)
- en permettant de vivre des échanges informels,
- en outillant les enseignants pour avoir un ressenti de la vie du groupe
(5 dispositifs awareness)
- en scénarisant la comodalité avec un gros effort de créativité sur les séquences collaboratives
- en systématisant les captations vidéos et les replays
- en travaillant en détail les scénarios pédagogiques avec des étapes fixées par des thèmes et pas par le temps. (même si un thème à une durée limitée!)

En tant que conseiller pédagogique,  on s'arrête souvent au design pédagogique pour élaborer des scénarios, pour mettre en place des dispositifs.
Je pense qu'il faut maintenant aller plus loin en intégrant dans nos process de réflexion et d'action cette notion d'expérience utilisateur.


(1) Constat unanime


Pedagogie post pandémie? Pechakucha LudoviaPF 2021
https://www.youtube.com/watch?v=FuZNd3AO8O4&list=PL1Ue-sGpo6ODFKmwPXS6JOW_GBrDtRiqN

 Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire, 19(1), 51-67
https://twitter.com/BertrandMocquet/status/1540233996931661824

Retex des étudiants Suisses 
https://pedagoscope.ch/paroles-detudiants/

Riposte pédagogique :
https://www.ripostecreativepedagogique.xyz/?Partageexperiences

70% des étudiants en situation de mal-être
https://twitter.com/franceinfo/status/1546351267311755264


(2) Evolution des mentalités


Évaluation en ligne https://www.youtube.com/watch?v=ZQrVL-1tM8c&list=PLWfpjXQlhDZlcKoqHb_jB1ZUpZleJTIVR

Demandes émises par les étudiants
https://leveilleur.espaceweb.usherbrooke.ca/41717/les-points-de-vue-du-personnel-etudiant-a-legard-de-la-formation-en-ligne/

"Si l’université devient pleinement numérique, elle n’est plus l’université" 
Aroles, J., Vallat, D., & de Vaujany, F.-X. (2020). L’éducation supérieure dans un monde post-covid : Propositions pour une université ouverte. Dauphine recherche en Management https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02925628



(3) L'impact des phases de confinement lié au COVID

Karsenti, T., Poellhuber, B., Roy, N. et Parent, S. (2020).
Le numérique et l’enseignement au temps de la COVID-19 : entre défis et perspectives – Partie 1. 
Revue internationale des technologies en pédagogie universitaire17(2), 1-4. https://doi.org/10.18162/ritpu-2020-v17n2-01
L’ingénierie pédagogique au temps de la Covid-19
Emmanuelle Villiot-Leclercq
https://doi.org/10.4000/dms.5203

Repenser l’expérience d’enseignement et d’apprentissage en situation de confinement pédagogique
Yann Verchier,  Christelle Lison
https://www.ritpu.ca/files/numeros/110/ritpu-v17n2-13.pdf

MacDonald, M. (20 septembre 2022).
Anxiété chez les étudiant.e.s: une hausse se chiffrant à 29% depuis 2018
La santé mentale des étudiants sur les campus canadiens:
;Les effets persistants de la COVID-19. Commission de la santé mentale du Canada.


La vision chez Panopto
https://demo.hosted.panopto.com/Panopto/Pages/Viewer.aspx?id=4c72e9d3-ca3a-443f-ae48-af150120ea07

(4) La présence dans l'enseignement

Dans ses travaux sur l’enseignement à distance, Matthieu Petit, de l’Université de Sherbrooke, mobilise le modèle de la communauté d’apprentissage en ligne de Garrison, Anderson et Archer (2000). Selon ces auteurs, le sentiment de présence peut se décliner selon trois types de présence : (1) présence enseignante, (2) présence cognitive et (3) présence sociale. Selon Petit et Ntebutse (2017), la présence enseignante concerne la planification et la mise en œuvre de l’activité ainsi que la facilitation des échanges entre les apprenants. La présence cognitive porte plutôt sur le travail actif autour des contenus. Quant à la présence sociale, elle concerne les aspects affectifs, notamment au niveau de la communication et de la cohésion de groupe.

Le modèle de la présence en e-learning. Une modélisation théorique au service de la pratique, notamment en contexte universitaire
Annie Jézégou
Dans La pédagogie universitaire à l'heure du numérique (2014), pages 111 à 120

Climat scolaire
http://www.prisme-asso.org/wp-content/uploads/save/pdf/climat-scolaire2012.pdf

5 awarerness


Le concept d’ « awareness » Dans un contexte collaboratif à distance où l’apprenant est amené à interagir dans un environnement virtuel, les nouvelles technologies ne peuvent traduire parfaitement toute la richesse de la communication humaine. Cette situation provoque chez un individu un déficit d’informations lié à la perception de l’activité des autres apprenants. Pour comprendre ce phénomène, la recherche en technologie de l’éducation met en avant le concept d’ « awareness » que l’on peut traduire par « la conscience mutuelle ». Pour Dourish & Bellotti (1992), cette conscience collective se caractérise pour l’apprenant par une connaissance et une compréhension des activités des autres qui fournissent un contexte à sa propre activité. Chaque utilisateur doit être conscient des activités de ses partenaires pour faciliter la coordination des tâches collectives (Gutwin & Greenberg, 2002). Plusieurs auteurs ont souligné le rôle important de cette conscience collective dans le travail collaboratif (Weisband, 2002 ; Daassi, Favier, & Coat, 2004). Pour Gounon & al. (2004), 

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